Problèmes d'allumage à la mine de Canari

Publié le par Jean-Sébastien Soldaïni

La plaie est béante. Elle se repère à des kilomètres à la ronde. De la tour de Nonza à celle de Sénèque, la coulée blanche s’étend jusqu’à la mer. A l’approche de l’ancien site, c’est un frisson qui gagne le touriste, jusque là enivré par le port de pêche de Centuri ou la marine de Pino. Un bâtiment fantôme qui, avec ses panneaux « Danger de mort », ne donne qu’une envie : tracer sa route. Quant aux ouvriers de l’entreprise Vinci, chargés de sécuriser le site, ils ont bien du mal à emprunter le chemin communal n°5 qui leur donne accès au chantier. La Direction du travail leur a demandé de procéder à un arrosage permanent de la piste pour éviter que les poussières d’amiante se dispersent aux alentours. Irréalisable selon eux puisque l’eau de mer qui serait alors utilisée pourrait détruire les murs de l’ancienne structure. Alors les engins sont à l’arrêt. Depuis février 2010. Alors, on réfléchit à un goudronnage du sentier. Il aurait dû commencer au cours de l’été. Puis le 4 octobre. Toujours rien. La reprise des travaux est désormais prévue pour la mi-novembre. A voir… Le chantier à maintenant près de deux ans de retard.


Un détail, 45 ans après la fin de l’exploitation du gisement. Mais la dent creuse est aujourd’hui devenue un gouffre financier. L’opération de sécurisation devait initialement coûter 4 millions d’euros, financée en grande partie par le fonds européen FEDER et l’Etat, via l’A.D.E.M.E., Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Deux ans après l’attribution du marché à Vinci, la facture a explosé avec un chèque avoisinant les 7 millions et demi d’euros. 75% d’augmentation. De quoi déclencher la colère du maire d’Ogliastro, Jean-Toussaint Morganti : « L’entreprise pensait travailler sur une mine d’amiante, elle a trouvé une mine d’or ! » D’autres, accusent l’entreprise de travaux publics d’avoir intentionnellement annoncé des travaux au rabais pour remporter l’appel d’offre. Pour ensuite gonfler la somme. Une augmentation justifiée par une modification du cahier des charges. Ou plutôt des cahiers des charges puisque deux documents existent : le premier est celui établi par les services de l’Inspection du travail. Le second, plus enrichi et donc plus contraignant, transmis à Vinci par l’A.D.E.M.E. Une confusion de textes qui serait à l’origine des retards dans le lancement du chantier. Mais qui selon certains responsables « fait partie de la vie d’un chantier ».

 

Publié dans Corsica

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