Sauveur Gandolfi-Scheit : « La liste aurait dû être composée différemment »

Publié le par Jean-Sébastien Soldaïni

Après l’échec du ticket Rocca-Serra – Santini, le député-maire de Biguglia analyse les erreurs de son camp. Et se pose en homme-fort de la droite.

 

Quel est votre sentiment général sur ce scrutin ?

On nous décrit une large victoire de la gauche. Mais il ne faut pas oublier que le mode de scrutin a été changé. La liste L’Alternance a 24 élus, moins les 9 de bonus, cela fait 15 sièges. Auparavant, le bonus était de trois sièges : ils n’auraient donc eu que 18 élus au total. Il faut donc relativiser.

 

Après 26 ans de gouvernance de la Corse par la droite, cette défaite vous laisse un goût amer ?

C’est incontestable. J’aurais bien aimé que ma famille libérale, celle de la droite, soit majoritaire. Malheureusement, il en a été autrement. Mais il faut savoir être sportif et admettre que l’on ne peut pas toujours gagner…

 

Quelles sont alors les raisons du score décevant de l’UMP ?

Il ne faut pas ici se baser sur la tendance nationale et sur l’influence de la crise. Je pense que la liste de candidats aurait dû être composée différemment.

 

C’est-à-dire ?

Ils se sont mis les partisans de José Rossi, de Jean Baggioni et de Fanfan Mosconi à dos. Cette liste ne pouvait pas gagner. De la Casinca jusqu’à l’extrême-sud, il n’y a aucun représentant de la droite !

 

Et vous-même…

A Biguglia, on avait demandé la 23e position, on nous l’a refusée. Je n’ai pas été habilité à faire quoi que ce soit au niveau de ce scrutin. Il me semble qu’en tant que député de la 1e circonscription, ma famille politique devait m’impliquer. Ca n’a pas été fait. Dans les 20 premiers de la liste faite par les deux candidats UMP, il y avait 8 candidats dans la circonscription de Camille de Rocca-Serra. 5 dans celle d’Ange Santini. 4 à Ajaccio et 3 chez moi. Alors que nous avions, ici, 9 candidats contre nous. Biguglia a été sacrifiée. On a l’impression que c’était voulu.

 

Pourquoi, selon vous, avez-vous été tenu à l’écart ?

Les deux têtes de listes ne voulaient pas d’Anne-Marie Natali à la 2e place. C’est moi-même qui ai demandé au président de la République de la recevoir pour qu’il juge si elle pouvait occuper cette place. Alors que Camille de Rocca-Serra m’avait promis qu’elle occuperait cette position 10 jours avant. Tout cela a perturbé le bon déroulement des choses, et ils ont fait cette liste entre eux. Résultat, Camille et Ange trustent les deux tiers des places éligibles…

 

Vous le prenez comme une attaque personnelle ?

Ma situation doit fomenter certaines jalousies. Ma circonscription a reçu 21 députés en mars dernier. Bernard Accoyer est venu inaugurer la statue de Vincentello d’Istria [à Biguglia] alors qu’un président de l’Assemblée nationale ne s’était jamais déplacé en Corse. Peut-être est-ce le cas d’Anne-Marie Natali qui les a un peu froissés ? Ou bien est-ce qu’il y a une jalousie, je ne sais pas. Ils ne se sont même pas servis de mes actions en tant que député pour aider leur candidature. Attention, je n’avais aucune intention d’être sur la liste. Si c’est pour démissionner après mon élection à l’Assemblée de Corse, cela ne sert à rien. Je suis député.

 

Ne craignez-vous pas que l’on vous reproche un manque d’implication dans cette campagne ?

Dans la vie il faut être correct si vous voulez qu’on le soit avec vous. Je ne suis comptable que pour ma propre commune. Mais à travers moi, il y a un manque de respect des électeurs de la 1e circonscription de Corse. Ceux qui ont voté Sarkozy à 59,6% en 2007.

 

L’échec du Padduc et la reprise en main du dossier par l’Elysée a aussi joué en défaveur de la droite…

Non, là ça a été mal interprété. Nicolas Sarkozy est venu pour accélérer les choses. Parce qu’avant de s’appeler ainsi, ce texte s’appelait Plan de développement régional. Et avant encore, il se nommait le Schéma d’aménagement de la Corse. C’est-à-dire que nous travaillons depuis 1982 sur un document. Vous croyez que c’est normal ! Ce texte souffre d’un manque de communication autour de lui.

 

Et la « mésentente » entre Camille de Rocca-Serra et Ange Santini pour la présidence de l’exécutif…

Là aussi ça a joué certainement parce que cela a duré quelques mois. Il a fallu que ce soit réglé à Paris en décembre. Mais, les querelles de personnes ne sont jamais positives avant une élection.

 

Fallait-il d’autres personnes ?

Je pense. La répartition des places a été mal faite, cela veut dire que le choix était mal fait. Si on n’a pas de berger, les moutons partent de tous les côtés.

 

Pour vous la droite n’a pas de chef ?

Pas du tout et puis on voit le résultat. Espérons qu’un chef viendra dans peu de temps…

 

Qui voyez-vous à cette place ?

Vous connaissez beaucoup de députés ? Ils veulent la clarté ils l’auront… Du moins en ce qui concerne la Haute-Corse.

Publié dans Corsica

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