La Corse à l'heure de la gauche

Publié le par Denis Nicolaï

La nouvelle assemblée régionale tenait hier matin sa première session, quatre jours après la nomination, à la tête des Offices, des huit conseillers exécutifs de Paul Giacobbi.

 

AlternanceLa Corse change de cap. Et ce n’est pas uniquement parce qu’un communiste s’est installé au perchoir sur les coups de 10 heures. Car à droite de Dominique Bucchini, ont siégé pour la première fois les nouveaux membres de l’exécutif, sortes de ministres régionaux, issus des différents courants de la gauche insulaire. Radicaux de gauche, socialistes et sociaux-démocrates connaissent désormais leurs attributions dans ce nouveau « gouvernement » de l’île. Chacun gère un « office ». A eux d’imprimer la politique de leur président.


Pourtant, après 26 ans de gestion à droite, Paul Giacobbi n’entend pas marquer la rupture avec un acte fort. « Le fait de prendre une première mesure symbolique, c’est du pipo !  Nous voulons simplement une gestion normale de notre collectivité, comme cela se fait ailleurs », tonne le nouvel homme fort de la gauche. Mais il a déjà ses priorités en tête. Et les syndicats de marins n’ont pas traîné pour les lui rappeler en début de mois par une grève éclair à la S.N.C.M. Le conflit s’est réglé en deux jours, Paul Giacobbi ayant demandé au gouvernement un moratoire sur l’attribution des aides publiques accordées aux concurrents. « 123 millions d’euros de subventions sont versés au total alors que certaines compagnies n’assurent qu’une liaison par semaine. Ce n’est pas très sérieux », note le président du Conseil exécutif.


Une position qui doit ravir Dominique Bucchini. En matière de desserte maritime, il préconise même de « ne pas signer de convention d’aide publique avec la compagnie Moby Lines, nouvellement installée sur la ligne Bastia-Toulon. Et de ne pas reconduire celle qui lie déjà la collectivité territoriale de Corse (C.T.C.) avec la Corsica Ferries ». L’accent est donc mis sur les transports. « Ce n’est pas vraiment caractéristique d’un virage à gauche, note Paul Giacobbi. C’est simplement un attachement plus important aux services publics ». Dans le même dossier, Paul Giacobbi s’est aussi entretenu avec Guillaume Pepy, président de la S.N.C.F., pour régler le problème technique des nouvelles motrices insulaires, inutilisables sur les voies ferrées locales.


Le chemin n’est pas pour autant tracé. Au cours des quatre ans à venir, la nouvelle équipe devra se serrer la ceinture pour gérer la région la plus endettée de France. 1 069 euros par habitant, alors que la moyenne nationale est de 201 euros. « Là, il faut savoir de quoi on parle, précise le président de l’exécutif. La C.T.C. doit disposer d’une comptabilité réelle conforme aux lois et règlements. Elle doit faire figurer des provisions au budget, et je n’en ai pas trouvé ! » Une façon de tacler la gestion de l’équipe précédente.


Chez les électeurs, l’attente de résultats prime sur les discours. Guy, militant socialiste, estime qu’il est « bien trop tôt pour deviner l’amorce d’un virage à gauche ». Il espère, de son côté, « plus d’efforts sur les logements sociaux ». Mais éprouve tout de même un regret. Celui « de ne pas voir la candidate socialiste à la tête d’un Office plus généraliste que celui de la gestion de l’eau ». C’est pourtant sous l’étiquette P.S. que Paul Giacobbi a mené sa campagne.

 

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Publié dans Le Figaro

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